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DEMARCHE PARTICIPATIVE AVEC LES PERSONNES ACCUEILLIES PAR LES ASSOCIATIONS DU RESEAU INTERLOGEMENT93


A – CONTEXTE ET ENJEUX DU PROJET

« Replacer l’usager au cœur de notre réseau » constitue aujourd’hui une orientation majeure pour le réseau Interlogement 93. Les premières expériences participatives, pour productives qu’elles aient pu être, ont cependant amené les acteurs du réseau à relever que les formes prises par la participation de personnes accueillies (nommées, par exemple, par le CCRPA) aboutissait à conférer à ces personnes « une sorte de statut de représentants professionnels de leurs pairs, ce qui amène des prises de position assez stéréotypées ».

La préoccupation commune est donc de réorienter la démarche afin :

- de mobiliser régulièrement un panel renouvelé de personnes accueillies au sein du réseau et de les amener à s’exprimer collectivement sur des thématiques connues à l’avance pour « recueillir leur avis sur ce que nous faisons ensemble » et pour qu’elles puissent dire « ce qui doit changer de leur point de vue » ;

- de déterminer et organiser comment ce travail influencerait les organes du réseau (CA, GT, commissions), avec notamment l’idée de « challenger le CA », et comment il serait rendu compte aux usagers des changements induits.

Un appui à la conception et à la mise en œuvre (préparation et animation des sessions, production et exploitation des écrits) de cette démarche réorientée serait confié à TRANSFER, partenaire de longue date de l’association C2DI, membre du réseau, et promoteur de démarches participatives au sein du réseau des actions IOD mais également dans d’autres contextes institutionnels (organisation, par exemple, d’un « colloque inversé » sur le RSA en Gironde).

Il s’agira également, à partir de cette première expérience, de modéliser un processus d’association permanente des usagers au fonctionnement du réseau IL 93 et d’en identifier les conditions de pérennisation et donc d’appropriation par les acteurs de ce réseau.

La qualification des acteurs du réseau en matière d’animation de processus participatifs doit donc être pensée dès le début du projet, ce qui implique notamment d’associer étroitement les professionnels dans la conception et la réalisation de cette démarche,

De même, la place des personnes représentant aujourd’hui les usagers dans diverses instances du réseau pourrait être repensée à la faveur de la dynamique d’un tel projet, en leur permettant par exemple de jouer un rôle de « rapporteurs » ainsi que de suivi des propositions issues des groupes de travail.



B – DEMARCHE PROPOSEE

Les acteurs de l’inclusion ont vocation à construire des solutions concrètes et adaptées pour les personnes en situation d’exclusion ou de grande précarité, mais en donnant à celles-ci toute leur place dans la définition et l’évolution de ces solutions et en les aidant à formuler leurs problèmes et leurs priorités dans leurs propres termes (et non en le faisant à leur place).

L’enjeu ne se limite donc pas à placer les personnes en position réductrice d’évaluation (simple expression d’un niveau de satisfaction sur les services apportés) : il s’agit de mettre en œuvre une démarche qui leur permette de se situer comme « coproducteurs » de ces services, en les interpelant sur « ce qui doit changer de votre point de vue » dans « ce que nous faisons ensemble ».


Les utilisateurs des services ont en effet une légitimité à produire des savoirs propres à partir de leur expérience et de leur capacité à la penser, pour peu qu’on les mette dans les conditions pour le faire.

Ces conditions peuvent être déclinées tout au long du processus :

Dans la préparation :

  • Proposer sans exclusive la participation à cette démarche (ne pas se centrer par exemple sur les personnes que l’on connait le mieux ou qui ont plus de facilités à s’exprimer), et même « aller chercher » les personnes qui ne font pas spontanément appel aux services (« ceux qui n’appellent plus le 115 ») et celles qui n’imaginent plus être en mesure de prendre la parole ou que cette parole puisse être entendue.

  • Constituer des « panels » diversifiés et évolutifs sans leur conférer un statut de représentation.

  • Mobiliser le plus possible les groupes sur des objets précis en vue d’une production concrète ; en conséquence, ne pas segmenter les publics en fonction de leurs caractéristiques (réelles ou supposées) dès lors qu’ils peuvent se retrouver sur des préoccupations et des objectifs communs.

  • Identifier des thématiques pertinentes aussi bien pour les accompagnants que pour les accompagnés (les « bonnes questions » de départ) et programmer ou répartir le travail des groupes dans la durée.

  • Expliciter dès le départ les objectifs du travail collectif et les perspectives envisagées (« votre production sera présentée et débattue dans tel contexte, à telle(s) occasions(s), auprès de tels acteurs et elle devra permettre de… »).


Dans l’animation :


  • Mettre en œuvre un processus d’élaboration progressive nécessitant plusieurs temps de rencontre (passer du témoignage individuel sur son expérience, point de départ souvent nécessaire, à une production collective de propositions d’évolutions ou de projets d’actions nécessite de respecter certains points de passage).

  • Penser les modes d’animation en fonction des objectifs des groupes de travail, notamment en ce qui concerne l’apport d’informations pour alimenter la réflexion du groupe (il pourrait par exemple être intéressant de confronter celui-ci, à un certain stade de son travail, aux réflexions des professionnels issues des différentes commissions mises en place).

  • Médiatiser et concrétiser la production des groupes par l’écrit : « être la plume » du groupe et lui renvoyer une image lisible, une mise en perspective de ce qu’il a produit pour lui permettre de se positionner, d’ajuster et d’aller plus loin.

Les écrits à produire doivent donc s’appuyer sur les paroles effectives, avec utilisation fréquente des guillemets, mais en évitant l’écueil d’un simple « enregistrement » des propos.


Dans l’exploitation :


  • Anticiper les suites concrètes à donner au travail de ces groupes (évènements publics, rencontres avec des élus ou des acteurs locaux, articles de presse…), le suivi des propositions et la manière d’en rendre compte aux participants.

  • Recueillir l’avis des participants sur la démarche elle-même et la manière dont elle pourrait être améliorée ou développée.

La mise en place d’un comité de pilotage du processus participatif, constitué notamment d’acteurs qui pourraient en prendre la relève au terme de la phase d’expérimentation (menée par Transfer), permettra d’évaluer la mise en œuvre de ces conditions et d’ajuster la démarche en cours de route.


C – étapes du projet


Phase de lancement :


1) Rencontre de cadrage avec le Président du réseau IL 93 et Philippe Avez, Directeur de l’association Le Refuge et initiateur du projet : accord sur les objectifs de ce projet, ses étapes et ses conditions de réalisation.

Réalisé le 17 mai 2018


2) Présentation du projet aux acteurs du réseau à l’occasion de l’Assemblée Générale du réseau IL 93, afin de les sensibiliser aux enjeux du projet et de faire émerger des problématiques sur lesquelles les participants pourraient apporter leur contribution.

13 juin 2018


3) Elaboration du processus et validation par le CA (avec mise en place du comité de pilotage).

Juillet 2018


Phase d’expérimentation :


4) Constitution et mise en œuvre d’un groupe d’usagers inter-structures (deux rencontres avec une quinzaine de personnes issues d’une diversité de structures) autour d’une question globale (« que faut-il faire évoluer dans le fonctionnement de nos structures et dans nos formes d’accompagnement ? »).

Septembre – octobre 2018


5) Analyse des premières propositions et identification d’objets de travail prioritaires : constitution des groupes de travail thématiques (nombre à définir à l’issue de la phase de lancement).

Novembre 2018



6) Mise en œuvre des groupes de travail thématiques (deux rencontres par groupe).

Décembre 2018 – janvier 2019


7) Restitution (avec les participants) des propositions des groupes de travail aux professionnels du réseau et définition des perspectives.

Février 2019

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